Histoire du Territoire de Belfort
100 ans d’histoires
1871
Les négociations directes entre A. Thiers et Bismarck, précédant la signature du traité de paix le 10 mai 1871, conduisent les Allemands à ne pas annexer tout le Haut-Rhin. Belfort et 105 communes demeurent françaises. Charles Lebleu est nommé administrateur provisoire de la zone française détachée du Haut-Rhin, dans l’attente de la réintégration à l’Alsace.
Cette zone de 106 communes peine à trouver un nom et une vraie structure administrative. Au départ il n’y a pas de Conseil général mais une commission administrative, les députés et sénateurs élus à Belfort à partir de 1871 sont les élus du Haut-Rhin territoire de Belfort. La majorité des services de l’Etat dépendent de chef de services installés à Vesoul, comme la cour d’Assises. Tout cela reste donc provisoire dans l’attente de la reconquête de l’Alsace annexée.
1918
Durant la Grande Guerre l’avenir de Belfort et de son territoire fait de temps à autres l’objet de débats politiques locaux. Mais la victoire du 11 novembre précipite la nécessité de trouver un dénouement à l’ambigüité administrative.
Le 19 novembre, un éditorial dans « L’alsace » évoque le devenir du Territoire alors que le gouvernement vient de nommer trois préfets dans les anciens départements annexés : il semble bien que, dans ces conditions, le Territoire de Belfort n’ait plus à subsister comme unité administrative, et qu’il n’ait à reprendre sa place dans le département du Haut-Rhin. Ce texte est signé J.M. (selon toute vraisemblance le conseiller général Jean Maître, gendre Viellard), il développe une position qui est celle de Louis Viellard et restera celle du journal tout au long des années 1920 dans le débat qui opposent partisans et adversaires de la création d’un département du Territoire de Belfort.
Le 23 novembre, au Conseil municipal la question du régime administratif réservé au territoire de Belfort est débattue. M. Houbre faisant fonction de maire propose la division de l’Alsace (1.318.000 hab.) en trois départements : 1° le Haut-Rhin avec Belfort comme chef-lieu et les arrondissements d’Altkirch, Mulhouse et Thann, le Rhin avec Colmar Guebwiller et Sélestat, le Bas-Rhin avec Strasbourg, Saverne, Wissembourg et Haguenau
Le 19 décembre dans un long article Frédéric Beucler, rédacteur en chef de « La Frontière » affirme que lorsque la période administrative transitoire en Alsace aura permis une fusion complète des lois économiques, sociales et politiques, alors le Territoire sera réuni à son ancienne province à son ancien département comme avant 1870. Selon lui l’important n’est pas de se s’attarder à construire des châteaux en Espagne, mais la municipalité et le Conseil général doivent poursuivre leurs efforts pour rendre la ville encore plus attrayante, confortable, moderne pour le commerce et l’industrie.
1919-1922
A Belfort certains veulent encore croire possible le retour à l’intégrité administrative du Haut-Rhin et les grandes fêtes de la victoire qui se déroulent les 15-16 et 17 août 1919 portent le nom de fête de la victoire et de la réunification du Haut Rhin.
Mais le 19 octobre 1919 est votée la loi de réintégration qui permet aux anciens territoires annexés dans le Reich allemand de continuer à être administrés provisoirement selon les textes alors en vigueur jusqu’à ce qu’il ait été procédé à l’introduction des lois françaises. Ce statut particulier rendait alors plus difficile le rattachement du Territoire au Haut-Rhin.
Un autre projet voit le jour début 1920 sous l’impulsion de la chambre de commerce, le rapprochement avec la Franche-Comté par la création d’un département élargi des cantons d’Héricourt et Champagney et de la partie limitrophe de l’arrondissement de Montbéliard, ce qui fait hurler tant à Vesoul qu’à Besançon.
De son coté Louis Viellard continuait à pousser pour le rattachement pur et simple au Haut-Rhin.
En janvier 1921 Edmond Miellet député de Belfort s’adresse à ses confères à l’Assemblée lors d’un débat sur le budget pour défendre la création d’un département de Belfort. Il s’appuie sur :
- l’argument démographique : le Territoire est aussi peuplé que les Hautes Alpes
- l’argument économique : le Territoire se suffit en matière d’imposition
- l’argument administratif de promotion pour les administrateurs
- l’argument patriotique, le Territoire a bien mérité de la Nation cette reconnaissance
La proposition est adoptée par le Parlement dans la loi de finances de décembre 1921.
Au journal officiel du 18 février 1922 un décret d’application porte le nombre des préfectures de 3ème classe est de 43 au lieu de 42. Belfort est cette 43e préfecture.
Le 11 mars 1922 un autre décret stipule que M. Maisonobe, administrateur provisoire faisant fonction de préfet du Territoire de Belfort est nommé Préfet de Belfort de 3ème classe.
Le département venait de naître officiellement.